Le Datura est-il vraiment une plante hallucinogène ?

En plein cœur de l’été, de nombreuses espèces végétales continuent d’orner nos espaces extérieurs. Parmi elles, une plante attire particulièrement l’attention des spécialistes surnommé « herbe du diable ». Ce végétal, tout en élégance avec ses grandes fleurs blanches ou violettes, cache des effets redoutables. Très toxique, elle constitue un réel danger pour ceux qui s’en approchent sans précaution. Ses feuilles, ses graines, ses fruits et ses racines renferment des alcaloïdes puissants, capables de provoquer des hallucinations, voire des intoxications sévères. Si cette plante se développe aisément dans les sols riches en azote, elle peut également apparaître là où on ne l’attend pas, y compris dans nos champs de culture. Passons en revue les dangers de cette plante et comment elle peut être ingérée sans qu’on ne le sache.

Datura : effets toxiques de la plante

La tentation de goûter à l’herbe du diable ou le Datura peut être forte chez certains toxicomanes en recherche d’expériences hors du commun mais elle n’est pas sans conséquences.

Le terme «syndrome anticholinergique» est utilisé par les médecins pour désigner l’ensemble des symptômes causés par le blocage des récepteurs de l’acétylcholine par les alcaloïdes présents dans la Datura.

Les premiers vont arriver environ 30 minutes après l’ingestion de la plante Datura stramonium.

Ils incluent :

  • la mydriase bilatérale où dilatation des pupilles
  • la forte dilatation des vaisseaux sanguins de la peau qui provoque une rougeur
  • la sécheresse cutanée et buccale
  • l’élévation de la température corporelle où hyperthermie
  • l’accélération du rythme cardiaque où tachycardie
  • l’hypertension artérielle pouvant mener à des complications circulatoires et respiratoires

Ces symptômes sont suivis par des troubles de la conscience, tels que l’agitation, la confusion, les hallucinations, et parfois des tremblements, des convulsions ou un coma.

Les hallucinations et la dilatation des pupilles sont des signes caractéristiques de l’intoxication à la Datura, et doivent orienter le diagnostic, confirmé par un test toxicologique urinaire.
Le rétrécissement des pupilles vers leur taille normale est lent, prenant parfois plusieurs jours.

Bien que rares, quelques cas de décès sont rapportés  et sont généralement dus à des comportements à risque incohérents de la personne intoxiquée, tels que des noyades ou des déshydratations après une marche dans le désert.

Une autre plante dangereuse est la Berce du Caucase qui peut vous rendre aveugle et que l’on retrouve parfois dans les jardins.

Contaminations accidentelles fréquentes : le Datura dans les champs

Il n’est pas nécessaire de consommer intentionnellement du datura pour en ressentir les effets car en avril dernier, dans l’ouest de la France, une quarantaine de personnes ont été intoxiquées après avoir ingéré  à leur insu  de la farine contaminée par des graines de Datura.

Cinq d’entre elles ont dû être hospitalisées, les symptômes étant particulièrement graves :

  • Accélération du rythme cardiaque
  • Hallucinations sévères
  • Fièvre élevée
  • Comportements dangereux et blessures auto-infligées

Les professionnels de santé expliquent que quelques graines suffisent à provoquer des symptômes très sévères.
Sous l’effet des alcaloïdes, certains malades ont adopté des comportements dangereux, parfois auto-destructeurs.

Les centres anti-poison restent en alerte constante face à ce type d’incidents, qui tendent à se multiplier avec la présence croissante de datura dans les sols agricoles.

Les agriculteurs en première ligne contre l’invasion du datura

Pour les producteurs agricoles, la bataille contre le datura est quotidienne : cette plante indésirable pousse facilement en bordure des champs et peut contaminer les récoltes destinées à la consommation humaine.

Les agriculteurs consacrent de longues heures à parcourir leurs terres, inspectant chaque rang à la recherche de plants de datura.

Ce végétal prolifique peut produire jusqu’à 500 graines par fruit, rendant sa prolifération difficile à contenir.
Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à s’équiper de drones pour surveiller leurs parcelles, une technologie qui permet d’identifier les plants grâce à une analyse automatisée des images.

Voici un tableau détaillant l’évolution des cas d’intoxications au datura en France :

Année Nombre de cas signalés Hospitalisations Régions les plus touchées
2015 30 10 Sud-Ouest
2017 42 15 Bretagne, Normandie
2020 57 20 Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine
2023 67 25 Nord-Pas-de-Calais, Alsace

Le réchauffement climatique favorise la propagation du datura, autrefois cantonné aux régions du sud. Les autorités encouragent désormais les municipalités à agir en arrachant les plants dès leur apparition, afin de réduire les risques d’intoxications massives.

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